Autour de Farocki #2 : mise en pièces, diffraction et démontage
Le montage Farockien
Il faut bien sûr citer la lecture que fait Georges Didi-Huberman de l’article de Louis Skorecki sur Farocki et qui permet d’introduire la singularité du montage Farockien :
« L’interlocuteur de Louis Skorecki voulait sans doute qu’on lui raconte une histoire : le montage était pour lui la forme nécessaire pour « que les choses avancent » dans la successivité et l’intelligibilité d’un récit. Mais ce spectateur-là [celui du film de Farocki, ndlr] se trouvait évidemment encombré d’un montage qui, au contraire, arrêtait le récit, l’exposait, le diffractait, le dialectisait en cristaux qui se répondaient ou se contredisaient sur place sans solution, sans synthèse ni pacification. A supposer, dans le meilleur des cas, que ce spectateur eût accepté une certaine idée du cinéma documentaire – à savoir qu’on ne lui raconterait pas d’histoires, mais qu’on tacherait de lui exposer l’Histoire -, il se trouvait encore déçu de n’avoir aucune thèse à se mettre sous la dent, aucune conclusion globale à retirer des films de Harun Farocki, sauf que tout y était mis en pièces, diffracté, démonté. »
G. Didi-Huberman, Remontage du temps subi – L’œil de l’Histoire, 2, Les Éditions de Minuit, 2011, p.93
Sans doute faudra-t-il revenir un peu sur ce livre crucial de Georges Didi-Huberman dans lequel Images du monde et inscription de la guerre et En sursis occupent une grande place…